Dans le monde d'aujourd'hui, les médias et les supports de communication sont plus nombreux qu'ils ne l'ont jamais été. Grâce à d'importantes révolutions techniques, l'information a gagné en rapidité et sa diffusion est désormais massive, sur tous types de support, au sein des populations.
Pourtant, l'information relève de pratiques qui restent diversifiées suivant les individus, les groupes sociaux, les territoires. L'information n'est pas neutre et tend même à devenir de plus en plus un outil de légitimation de références politiques ou culturelles.
Cette situation est le fruit de plusieurs siècles d'héritages, pendant lesquels des révolutions techniques ont profondément transformé la capacité de diffusion et le contexte de réception des écrits, puis du son et de l'image en mouvement.
La diffusion de l'alphabétisation, la baisse du coût des supports médiatiques ont également contribué à la naissance et l'émergence, depuis la fin du xixe siècle, d'une société de l'information indissociable de la société de consommation. Quelles sont les grandes étapes de ces évolutions ? Pour quels enjeux dans le monde actuel ?
L'invention de l'imprimerie, anonyme, collection Musée Plantin-Moretus
La diffusion de l'information est liée à une révolution technique dès le milieu du xve siècle. Vers 1452, Gutenberg, à Mayence, invente le caractère mobile d'imprimerie et réussit à imprimer des lettres d'indulgence de 31 lignes, puis une bible entière. Les contenus des livres peuvent désormais circuler beaucoup plus largement. Les ouvrages étaient autrefois copiés par des moines au sein des grandes abbayes, ce qui nécessitait un temps important. L'imprimerie permet, au début du xvie siècle, de tirer les livres à un millier d'exemplaires. Au xviie siècle, en France, l'imprimerie est mise au service d'une diffusion rapide non seulement des savoirs, mais aussi des informations, avec la Gazette, de Théophraste Renaudot. Fondé en 1631, ce journal qui parut jusqu'en 1915, fut le premier hebdomadaire. Sa diffusion s'appuie sur les personnes sachant lire et écrire, qui pouvaient le lire lors de réunions publiques ou privées. Dans des contextes favorables au débat politique, comme l'Angleterre des xviie et xviiie siècles, ou la France révolutionnaire, la presse contribue à l'émergence des idées libérales et à la naissance de la vie démocratique.
Le xixe siècle est marqué par l'importante diffusion de la presse écrite. De nouvelles techniques d'impression permettent de produire davantage et plus rapidement les journaux. Des images, des cartes, des caricatures sont introduites. Les nouvelles dont disposent les journalistes sont plus rapidement diffusées grâce au télégraphe électrique, inventé en 1838, puis au téléphone, inventé par Graham Bell en 1876. Les progrès de l'alphabétisation, surtout après 1860, permettent d'accroître le lectorat, de même que l'élargissement du suffrage, dans la plupart des pays européens et aux États-Unis, conduit davantage de citoyens à s'intéresser aux informations. En France, l'âge d'or de la presse écrite se situe pendant la IIIe République, essentiellement après la loi sur la presse de 1881. Les titres sont à la fois liés aux opinions du lecteur et tentent de diffuser les leurs. À cette presse politique, de droite ou de gauche, répondent une presse grand public et une presse satirique, illustrée, depuis 1915, par le Canard enchaîné.
Depuis la seconde moitié du xxe siècle, les techniques de réalisation de la presse écrite connaissent une nouvelle mutation. La quadrichromie permet de diffuser largement l'image en couleur, les rotatives modernes permettent de publier des centaines de milliers de copies. La presse s'inscrit dans la société de consommation et les titres ciblent désormais des segments de la population que sont les jeunes, les femmes, les amateurs de sport… Elle s'inscrit donc de plus en plus dans l'industrie du divertissement, même si les journaux d'opinion ou d'information restent les références. Depuis les années 1970, la presse écrite est marquée par la révolution de l'informatisation puis du numérique, avec une révolution des techniques d'impression et la possibilité de disposer de photographies numériques. Ces innovations interviennent alors que la presse écrite connaît une forte concurrence de la part de deux autres révolutions techniques de l'information : télévision, radio, puis Internet.
La naissance de la radiophonie date de 1895. L'Italien Guglielmo Marconi expérimente les premières liaisons hertziennes et donne naissance à la télégraphie sans fil. Celle-ci sert tout d'abord aux communications dans le domaine de la marine. Mais en 1914 a lieu, en Belgique, la première émission radio de programme de divertissement. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les stations de radio se multiplient dans tous les pays. La radio accélère la diffusion de l'information sur des postes situés souvent dans des lieux publics. Elle ne peut toutefois pas être transportée, comme le journal, les postes à tubes étant de grande dimension. La radio permet la diffusion directe des messages politiques ou commerciaux par le biais de la voix. C'est aux États-Unis que cela est exploité en premier lieu, avec, en 1925, le candidat à la présidence Herbert Hoover qui fait campagne par ce moyen. Le président Roosevelt lança les « Conversations au coin du feu » avec ses concitoyens, à travers la radio. Les régimes totalitaires l'utilisèrent également pour diffuser leur propagande.
Le transistor, à partir de 1954, révolutionne les usages de la radio, permettant la miniaturisation des postes, qui deviennent transportables et utilisables sur piles. Cela permet son usage individuel et mobile, faisant quitter à l'information radio son cadre souvent collectif, que ce soit à l'usine, au café, à la maison ou même en voiture. Depuis les années 1990, l'électronique a permis à la radio d'intégrer les supports numériques. Les radios ne dépendent plus de l'attribution d'une bande hertzienne, mais peuvent être choisies par les auditeurs par le biais d'Internet, quelle que soit leur situation dans le monde, sans être tributaires de la portée d'un émetteur, conditionné par sa nature FM ou AM, par exemple.
Quant à la télévision, sa première émission date de 1926, à Londres, grâce à l'Écossais John Baird. Ces télévisions ne sont pas encore dotées de tubes cathodiques. En 1931, la première émission est présentée en France et en 1935, la première émission publique voit le jour. En 1937, les émissions deviennent quotidiennes, mais il n'y a que 120 postes de télévision en France. En 1951, les premières émissions en couleur sont diffusées aux États-Unis. En 1953, le sacre de la reine Élisabeth II conduit de nombreux foyers à s'équiper. La télévision devient, pendant les Trente Glorieuses, une des voies majeures de diffusion de la société de consommation. Dans les années 1980, la révolution de la télévision par satellite transforme encore le rapport entre information et télévision, aspect que la télévision par Internet a contribué à développer. Désormais, il est possible de s'informer par la télévision en choisissant l'origine géographique et la langue, échappant ainsi au cadre national qui était imposé jusqu'aux années 1980. La création des écrans plats depuis l'an 2000, plasma et LCD, a transformé l'aspect des postes de télévision, de même que la télévision HD et 3D, ou que la TNT, en matière de réception.
Depuis les années 1960, l'État américain développe des techniques permettant de mettre en communication plusieurs ordinateurs. Cet échange d'information concerne tout d'abord le domaine militaire et relève donc de l'information fermée. Le choix fait de développer une utilisation commerciale d'Internet, vers 1990, permet de voir la naissance du World Wide Web, appelé généralement « Web ». Il s'agit, littéralement, d'une « toile » tissant un réseau mondial de circulation de l'information.
Celle-ci est progressivement rendue accessible par plusieurs supports : ordinateur de bureau, portable, puis, depuis le début des années 2000, smartphone et tablette. L'information sur Internet intègre les médias antérieurs : on peut y trouver des contenus qui relèvent du texte, du son et de l'image. L'information est disponible de manière instantanée et mondialisée. Mais le rapport entre informations et citoyens est bouleversé par Internet car il individualise l'accès à l'information et le sourçage de cette information est parfois beaucoup moins lisible.
L'information sur Internet tend à se présenter de plus en plus aux usagers en fonction de leurs idées et de leurs choix, mémorisés par les fournisseurs d'accès et visant à fournir des publicités ciblées. Ainsi, si l'information circule plus vite sur Internet, elle tend généralement à renforcer les opinions ou idées de l'usager et à l'intégrer dans des réseaux partageant les mêmes idées.
Les réseaux sociaux permettent également une circulation de l'information indépendante des grands médias traditionnels (presse écrite, télévision et radio) qui ont tous développé une version web. Par ailleurs, tout comme la non-alphabétisation a pu limiter la diffusion de la presse, ou comme le prix des télévisions et radio a pu freiner dans un premier temps leur diffusion, il existe des fractures numériques.
Le développement du smartphone a contribué à les réduire, notamment en Afrique subsaharienne, mais elles demeurent toujours. Toutefois, nous sommes passés de 15 % de la population ayant accès à Internet en 2005 à 51 % en 2017. Comme les autres médias issus de révolutions technologiques, Internet tend à la massification grâce à la dimension commerciale de l'information qui conduit à généraliser la diffusion de ses supports.
