L'agriculture a depuis longtemps été vue comme le "socle" du développement en Afrique, et la mauvaise gestion du secteur comme la cause directe de son échec. Pour beaucoup d'auteurs, l'Afrique est avant tout agricole, et les politiques suivies en la matière ont débouché sur une impasse. (...)
Dans de nombreux pays, il est notamment fragilisé par sa dépendance vis-à-vis des cultures de rente développées pendant la période coloniale et destinées à l'exportation. L'économie du Ghana, par exemple, est tributaire de l'évolution des cours mondiaux du cacao, celle du Mali des cours du coton, celle du Kenya des cours du thé.
Certaines de ces cultures ont conduit à l'appauvrissement des sols, comme au Sénégal où la monoculture de l'arachide a abimé un écosystème déjà fragile, ou en côte d'ivoire où la culture du cacao s'est faite au détriment du couvert forestier. L'agriculture africaine souffre d'un manque de compétitivité. Dans un contexte de croissance démographique, l'Afrique est le seul continent où la production agricole par habitant a baissé au cours des quarante dernière années.
Les prix payés aux producteurs ont toujours été très faibles et la plus value tirée de l'agriculture a été la plupart du temps utilisée pour assurer la paix sociale et le développement des villes. Dépourvues de protection sociale, d'accès facile au crédit, de moyens pour maîtriser l'eau, pour stocker et commercialiser leurs récoltes, les populations rurales disposent aujourd'hui de peu d'infrastructures: écoles, dispensaires, routes, approvisionnement en eau et électricité sont insuffisant, voire inexistants.
De mauvaises conditions climatiques, comme les périodes de sécheresse des années soixante-dix au Sahel, font partie des facteurs qui ont aggravé cette situation (...)
Aujourd'hui, l'agriculture emploie en Afrique 57% de la population, assure 17% du PIB et procure, bon an mal an, 11% des recettes d'exportation. Cela implique d'en faire une priorité dans le processus de développement avec la mise en place des politiques publiques extrêmement volontaristes avec des budgets importants.
En clair, les exploitants et producteurs agricoles doivent donc définitivement abandonner la machette et la houe pour des tracteurs et des semeuses mécaniques.
Entre autres éléments de modernisation, il faudrait prioritairement compléter la réforme agraire sur le continent. L'accès à la terre est une des inégalités les plus flagrantes de l'économie africaine et elle contribue également à un abandon compréhensible du métier d'agriculteur.
Par ailleurs, les mauvaises récoltes liées principalement à l'irrégularité des saisons pluviales dont dépendent les productions agricoles dans beaucoup de régions africaines, empêchent les agriculteurs africains de répondre aux besoins des populations locales de plus en plus en demande. Pour l'organisation des Nations Unies, il ne fait donc aucun doute que ce facteur est l'origine de la famine et de la malnutrition chronique dont souffre une partie du contient.
Comme dans plusieurs secteurs de l'activité économique, l'agriculture africaine est à la traîne. Balloté entre des plans de développement inadaptés et les aléas climatiques, ce secteur de production affiche des résultats en dents de scie. Si on y ajoute les années de crise et les multiples plans de restructuration des années quatre-vingt- dix, il ne faut point se surprendre que la disette sévisse de plus en plus sur le continent.
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